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4 février 2008

La grossesse est terminée prématurément - Récit d'un accouchement particulier


Nous sommes arrivés lundi à l'hôpital de Nîmes pour cette fameuse écho de contrôle. L'attente n'a pas été longue. Je me suis installée sur la table et l'écho a commencé. Superstitieusement, je n'ai pu m'empêcher de mettre mes mains dans mon dos et de croiser les doigts, mais au fond je savais que c'était fini. Et on l'a vite vu. Il n'y avait plus le mouvement du coeur.
Le docteur s'est vite arrêté et nous a dit doucement, que la grossesse s'était arrêtée.

J'ai demandé comment le bébé allait sortir. Le docteur m'a répondu "le plus simplement possible". Là j'ai compris que je n'aurais pas de césarienne et que ça allait se faire par voie basse.

J'ai été très rapidement prise en charge. Et dès lundi j'ai pris des cachets pour modifier le col, sachant que l'accouchement allait avoir lieu mercredi. Pour plus de sécurité ils préféraient me garder.

Le gynéco m'a expliqué que certaines femmes étant rentrées chez elles avaient dû revenir en urgence et comme j'habitais loin... Il m'a aussi expliqué quà ce stade de la grossesse l'utérus n'était pas pareil qu'au terme et qu'une césarienne était plus risquée.
J'ai accepté mon sort, et la voie basse.

Dans l'après-midi je suis montée dans ma chambre. Mon mari est rentré récupérer les enfants, chez la nounou et à l'école, leur annoncer la nouvelle. Et puis attendre mes parents qui allaient s'occuper d'eux pendant cette période.

Je suis donc restée seule à l'hôptial. Une infirmière est venue me voir, et m'a annoncé qu'en étant à 22 semaines mon bébé allait être reconnu. Le choc fut terrible, je ne m'attendais pas à ça. Et finalement maintenant je me dis que c'était très important que ça le soit.
J'ai aussi vu la sage femme, qui elle a rajouté que j'allais bénéficier du coup de mon congés de maternité. La vie est vraiment bizarre.

Dans la journée de mardi, Phil me dit que son envie du 3ème est encore plus forte, qu'il le veut vraiment. Je lui dit que moi non, je n'ai pas envie de devoir subir encore ça, c'est trop dur.

Mardi soir, Phil est rentré à la maison. Nous nous sommes mis d'accord pour qu'il soit tous les soirs à la maison avec les enfants, pour qu'ils soient le moins perturbés possible. Mais il a dû revenir parce que j'avais des contractions et dans le doute il vallait mieux qu'il soit là si ça se déclenchait au milieu de la nuit.
Les contractions n'étaient pas douloureuses, et elles se sont calmées.

Mercredi matin à 7 h, on me donne les cachets pour déclencher l'accouchement. Et on me descend en salle d'accouchement.
La sage femme qui est restée avec nous toute la journée, nous explique comment ça va se passer.
Ils ont été parfaits à l'hôpital et on une idée de ce genre d'accouchement très bien pour la maman. Nous sommes déjà dans une telle tristesse qu'ils n'en rajoutent pas en nous faisant souffrir avec les contractions, l'accouchement doit se passer avec le moins possible de douleurs..
L'anesthésiste arrive et me pose la péri très rapidement, j'avais des contractions toutes les 2 minutes. Et puis l'attente à commencer, malheureusement mon col était fermé.
La sage femme nous dit que ça peut durer longtemps. Pour nous c'est l'horreur, on ne sait pas comment on va tenir pendant toute cette journée, cette attente, on ressasse, on pleure, on attend.

On me fait une amniocentèse. Il arrive  péniblement à retirer 25ml de liquide, je n'avais plus rien !

Après, une deuxième vérification et une autre prise de cachet, la sage femme me dit que le col est toujours fermé, et me dit qu'à 16h et 19h on me redonnera des cachets.
C'est le désespoir, pourquoi en plus de cette tristesse, doit-on subir une si longue attente.

La gynéco décide de me donner un coup de pouce pour faire ouvrir le col.
1 heure après c'est chose faite, la sage femme décide de percer la poche des eaux. Elle me dit y'en a pour un petit moment encore.
Je pleure, je panique, comment je saurai quand le bébé va sortir. Elle m'explique vaguement, j'ai l'impression de ne pas en savoir plus.
Cependant elle nous prépare à son arrivée, nous décidons de voir le bébé mais d'abord qu'elle nous le prépare, nous ne voulons pas le voir tout de suite. Elle nous explique comment ça va se passer et nous décrit un peu comment le bébé pourrait être.

Elle sort et nous laisse seuls.

C'est dur. On se dit que bientôt tout va être terminé, cette souffrance psychique, cette attente et on pleure.
Puis je sens quelque chose, je ne dit rien.
Encore un fois, je le dis à Phil qui part chercher la sage femme, puis une troisième fois.
Inexplicable comme sensation mais il se passe quelquechose.

La sage femme arrive, vérife et dit "je vais chercher quelqu'un". Elle sort et laisse la porte ouverte.

Je sens encore qqchose, la tête sort, je crie "la tête est sorti" et 3 secondes après "il est sorti"

Et là, ce que je ressens est immense, je ne suis plus triste, je suis heureuse. Je me sens à nouveau mère, j'ai vécu cet accouchement différemment de vous parce que je n'ai pas souffert, mais j'ai ressenti un bonheur intense à le sentir passer.
Ce sentiment après coup est difficile à digérer, je me suis sentie anormale et me suis dit que j'aurai dû pleurer, mais une sage femme m'a rassuré en me disant que je n'étais pas la seule à avoir ressenti ça.
Au moment où ce petit être est passé, je me suis dit "mon dieu, c'est formidable" et me suis même dit que j'en ferai un 4ème sans problème.

Je me suis excusée plus tard auprès de mon mari tout en lui expliquant ce que j'avais ressenti. Il m'a dit qu'il ne fallait pas, qu'au contraire ce moment pour lui il l'avait trouvé beau. Quand j'ai appelé pour dire qu'il sortait, on sentait dans ma voix de la joie. Et il a trouvé ça très beau.

Nous avons appris le sexe le jour de l'accouchement. Mon mari a craqué et moi j'étais aux anges. C'est vraiment bizarre.

Puis, on nous a présenté Elie, mon dieu qu'il était beau avec son visage tout rond. Le portrait craché de son frère Nils. Il était tout petit, 280 grammes seulement.
Je n'ai pas osé le prendre.
Le soir je l'ai vraiment regretté, nous sommes donc retourné le voir le lendemain, et nous lui avons apporté une photo de nous 4, pour qu'il ne soit pas seul jusqu'à son insinération et qu'il sache qu'il fait partie intégrale de notre famille. Phil lui a présenté son frère et sa soeur à travers la photo.
Nous lui avons dit aurevoir. Que c'est dur !
Mais après l'avoir revu, nous nous sommes sentis le coeur léger.

Je ne peux cependant m'empêcher de me demander où il est là. Ont-ils fini l'autopsie ? est-il retourné à l'hôpital ? D'ici 15 jours, mon petit Elie sera enfin un ange qui veillera sur nous.

J'ai beaucoup de mal à écrire ce message, je m'excuse si c'est un peu confu et brouillon, ça fait une heure que je suis dessus.

Ce soir, nous avons demandé à Nils s'il avait bien compris pourquoi j'étais à l'hôpital, il a dit non.
Nous lui avons donc dit que je n'avais plus de bébé dans le ventre car il était mort et là, sa réaction m'a surprise. Il s'est mis à pleurer. C'était troublant. Nous aussi nous pleurions, nous lui avons dit que nous avons de la peine.
Nous lui avons dit que c'était un petit frère qui s'appelait Elie, il nous a dit qu'il voulait qu'Elie vienne, qu'il ne parte pas. Et quand on lui a dit qu'un jour il aura un frère ou une soeur, il était content.
Il a demandé à Phil pourquoi Elie était mort et puis il m'a appelé pour me demander la même chose. Ca va le travailler.
Mais c'était important de le lui dire et d'être franc avec lui.
Liv était présente mais pas très intéressée par notre conversation. Mais elle était là.

Je suis désolée, mon message et très long et je vous remercie si vous l'avez lu entièrement.
Mais voilà des heures et des heures que je ressasse ça dans ma tête en me demandant que ce que j'allais vous raconter.

Je voulais vous raconter cet accouchement pour vous montrer que dans un moment très douloureux on peut trouver que la vie est belle et qu'on pouvait ressentir ce sentiment sans se sentir coupable,  et être complètement normale.
Elie m'a fait le plus beau cadeau en naissant par voie basse. Grâce à lui j'ai connu quelque chose que je ne connaîtrai jamais avec un enfant que je mènerai à terme. Et grâce à ça j'ai l'impression de l'avoir accompagné jusqu'au bout. De l'avoir soutenu tant que j'ai pu car malheureusement je ne pouvais rien faire d'autre.

Grâce à lui, Nils et Liv auront un petit frère ou une petite soeur d'ici un moment. Nous nous laissons le temps d'avoir les résultats de toutes les analyses et de l'autopsie pour savoir ce qu'il s'est passé. Si nous savons, car ça peut être un accident, tout simplement. Un événement inexplicable.

D'ici quelques temps nous irons à Nîmes au jardin des souvenirs avec les enfants pour leur montrer où est Elie, leur petit frère.

La vie est dure, triste, on se demande ce qu'on a fait pour mériter cette épreuve. J'ai beau réfléchir, je n'ai pas encore trouvé la réponse, et je cherche surtout en dehors de ça (car on ne mérite jamais ce genre de chose) ce que peut m'apporter cet événement, ce que je dois en retirer.

J'ai énormément de peine mais ça va se calmer avec le temps. Et malgré tout, au jour d'aujourd'hui mon coeur de maman déborde d'amour pour mes trois enfants.
Nous avons commencé à lever la tête avec Phil (mais au fond nous ne l'avons jamais baissé vraiment) et parlons projet pour le futur. Le 4ème en fait partie.

Voilà vous avez lu mon histoire ! Et cette histoire même si elle est triste, est pleine d'espoir !
La vie est ainsi, il y a des moments où on peut rien faire face à son destin MAIS on peut choisir de faire le nécessaire pour améliorer l'avenir.

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22 janvier 2008

C'était pour aujourd'hui

Avec le gynécologue nous avions parlé de cette date pour sa naissance, pour la césarienne.

Aujourd'hui j'aurai dû avoir mon petit garçon dans mes bras.

15 janvier 2008

Dans une semaine

là j'aurai dû être à une semaine du terme.

Hier on en a parlé avec mon mari, ça nous a fait bizarre de nous dire que l'on aurait préparé le lit pour accueillir le nouveau bébé, mon beau-père ou ma belle-soeur serait venu pour garder les deux grands.
J'aurai sorti les affaires de bébé, je les aurai lavées et rangées dans le placard.

On se poserait encore plein de questions, sur comment on va faire avec trois enfants ? Faudrait peut-être déménagé (on n'a que deux chambres) ? J'espère que l'arrivée d'un nouvel enfant se passera bien avec les deux grands ? etc etc....

Malheureusement, nous ne nous sommes pas posés toutes ces questions.

Les choses sont ainsi faites, mon bébé est parti trop tôt.

7 janvier 2008

Le tabou des grossesses interrompues

Ce matin, je suis restée bien bête quand une atsem de l'école de mon fils m'a demandé "alors ça pousse ?"
Ben oui, elle n'était pas au courant, il a fallu que j'explique, elle s'est excusée de sa bourde, mais en même temps elle ne voulait pas faire mal, et puis faut arrêter de penser que c'est tabou.

J'ai lu un livre de Stéphane Clerget "Quel âge aurait-il aujourd'hui ? Le tabou des grossesse interrompues" chez fayard. Et c'est tout à fait ça, un tabou.

Les gens ont peur de parler de ça. Mais je pense aussi que la situation fait peur. Comment réagirons-nous si ça nous arrive ? On ne le sait que le jour où ça nous arrive, et on est bien surpris parfois.

Au fur et à mesure des jours, je parlerais de ce livre, il m'a éclairé sur pas mal de point. Je me suis rendue compte que toutes les pensées, les façons de voir ce qui m'est arrivé est NORMAL.

C'est nouille, hein ? Mais ça fait du bien de se sentir normale quand il est vous est arrivé quelque chose hors norme.

6 janvier 2008

Premier message

Mais quel est donc ce nom de blog ??? Ben oui, figurez-vous que ma famille est composée de personne ayant un point commun, en dehors du nom de famille bien sûr, nous avons tous un prénom composé de "i". Il y a mon mari Philippe, moi-même Christine (je sais qu'il n'est pas poli de ne pas se nommer en dernier, mais je fais pas ordre, pas d'âge, mais de taille dirons-nous), puis vient les enfants.

Tout d'abord, Nils né en février 2004, puis Liv née en février 2006. Et oui, nous aimons bien le mois de février.

Mais pourquoi ai-je mis dans mon titre "une maman ordinaire... ou presque" ??? Tout simplement parce que pour avoir mes enfants mon chemin n'a pas été des plus simples. Et pourtant je sais qu'il y a pire que moi.

Avant mon fils aîné j'ai fait deux fausses couches, l'une en août 2002 et la deuxième en janvier 2004.

Et puis, récemment j'étais enceinte, ma date prévue d'accouchement était le 7 février 2008 (encore un mois de février, il faut croire que l'on ne fait l'amour qu'une fois tous les deux ans et en plus à la même période, mais heureusement ce n'est pas le cas). Mais cette grossesse-ci s'est arrêtée le 3 octobre 2007. Ce jour-là je donnais naissance à un petit garçon sans vie que nous avons nommé Elie.

C'est un peu à cause de lui que j'ai créé ce blog. Je veux profiter de cet écrit pour y dire mon ressentit de maman ayant vécu une perte. Et parce que je me sens enfin mieux, que mon deuil trouve son chemin petit à petit, il est important de pouvoir partager cette expérience avec d'autres personnes, des inconnus, des connus, des qui n'ont jamais eu d'enfants, des qui en ont eu sans aucuns soucis et puis celles qui ont peut-être connus la même chose que moi.

Je n'écrirais pas ici que des choses tristes, je veux aussi vous faire partager ma joie de vivre. Oui, vous lisez bien. C'est dans ces moments-là que l'on se rend compte que la vie est plus forte que tout malgré tout et que l'on ne peut pas baisser les bras.

Il faut se battre et encore plus quand deux petits lutins du haut de leur 4 et 2 ans vous appellent "maman".

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